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<< mourrai d'abord par la tête, à moins que ce ne << soit plus tôt et par accident. » Horrible attente, et qui l'a hanté jusqu'au bout! A son lit de mort, en Grèce, il refusait, je ne sais plus pourquoi, de se laisser saigner, et préférait finir tout de suite. On le menaça de la folie; il sursauta: «Faites done, <«< bourreaux que vous êtes! » et il tendit son bras. C'est parmi ces éclats et ces anxiétés qu'il passait sa vie; l'angoisse endurée, le danger bravé, la résistance domptée, la douleur savourée, toutes les grandeurs et toutes les tristesses de la noire manie belliqueuse, voilà les images qu'il avait besoin de faire flotter devant lui. A défaut d'action, il avait les rêves, et il ne se réduisait aux rêves qu'à défaut d'action. Lui-même, en s'embarquant pour la Grèce, disait qu'il avait pris la poésie faute de mieux, qu'elle n'était pas son affaire. « Qu'est-ce qu'un poëte? Qu'estqu'il vaut? Qu'est-ce qu'il fait? C'est un bavard. » Il augurait mal de la poésie de son siècle, même de la sienne, disant que, s'il vivait dix ans, on verrait de lui quelque chose d'autre que des vers. En effet, il eût été mieux à sa place roi de la mer ou chef de

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lish more powerfull than indifference. If I rouse, it is into fury. I presume that I shall end (if not earlier by accident) like Swift dying at the top. >>

Lega came in with a letter about a bill unpaid at Venise which I thought paid months ago. I flew into a paroxysm of rage, which almost made me faint.

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I have always had a une âme » which not only tormented itself, but every body else in contact with it; and an «< esprit violent, which has almost left me without any « esprit » at all.

bandes au moyen âge. Sauf deux ou trois éclairs de soleil italien, sa poésie et sa vie sont celles d'un scalde transporté dans le monde moderne, et qui, dans ce monde trop bien réglé, n'a pas trouvé son emploi.

II

Il a donc été poëte, mais à sa façon, façon étrange, semblable à celle dont il a vécu. Il y avait en lui des tempêtes intérieures, des avalanches d'idées qui ne trouvaient d'issue que par l'écriture. «Me fuir moi-même, - ç'a été là toujours mon « vrai, mon unique, mon seul motif pour bar« bouiller du papier et pour publier. Publier est <«< la continuation du même effet par le mouvement « que cela donne à l'esprit, qui sans cela retomberait << sur soi-même1. »Il a écrit « par trop-plein, dit-il encore, par passion, par entraînement, par beaucoup de causes, mais jamais par calcul, » et presque toujours avec une rapidité étonnante: le Corsaire en dix jours, la Fiancée d'Abydos en quatre jours. Pendant l'impression, il ajoutait, corrigeait, mais sans refondre. « Je vous ai déjà dit que je ne puis

1. I have written from the fulness of my mind, from passion, from impulse, from many motives, but not « for their sweet voices. »

To withdraw myself from myself has ever been my sole, my entire, my sincere motive in scribbling at all and publishing also the continuance of the same object, by the action it affords to the mind, which else recoils upon itself.

<«< jamais refondre. Je suis comme le tigre si je << manque mon premier bond, je rentre en grondant << dans ma jungle; si je le fais juste, il est écra« sant'. » Sans doute il bondit, mais il a sa chaîne: jamais, dans le plus libre élan de ses pensées, il ne se détache de soi. C'est de lui-même qu'il rêve, c'est lui-même qu'il voit partout. C'est un torrent qui bouillonne, mais que des rocs endiguent. Il n'y a point d'aussi grand poëte qui ait eu l'imagination aussi étroite; il ne peut pas se métamorphoser en autrui. Ce sont ses chagrins, ses révoltes, ses voyages, à peine transformés et arrangés, qu'il met dans ses vers. Il n'invente pas, il observe; il ne crée pas, il transcrit. Sa copie est poussée au noir, mais c'est une copie. « Je ne puis écrire sur quoi « que ce soit, dit-il, sans quelque expérience person«nelle et sans un fondement vrai 2. » Vous trouverez dans ses lettres et dans son livre de notes, presque trait pour trait, ses descriptions les plus frappantes. La prise d'Ismaïl, le naufrage de don Juan, suivent pas à pas deux récits en prose. S'il n'y a que des badauds capables de lui attribuer les crimes de ses héros, il n'y a que des aveugles capables de ne point voir en lui les sentiments de ses personnages; cela est si vrai qu'en somme il n'en a fait qu'un

1. I told you before that I can never recast any thing. I am like the tiger. If I miss the first spring, I go grumbling to my jungle again. But if I do it, it is crushing.

2. I could not write upon any thing without some personal experience and foundation.

seul. Childe Harold, Lara, le Giaour, le Corsaire, Manfred, Sardanapale, Caïn, son Tasse, son Dante et le reste sont toujours un même homme, représenté sous divers costumes, dans plusieurs paysages, avec des expressions différentes, mais comme en font les peintres, lorsque par des changements de vêtements, de décors et d'attitudes, ils tirent du même modèle cinquante portraits. Il était trop replié sur soi pour s'éprendre d'autre chose le roidissement habituel de la volonté empêche l'esprit d'être flexible; sa force, toujours concentrée pour l'effort et tendue vers la lutte, l'enfermait dans la contemplation de lui-même, et le réduisait à ne jamais faire que l'épopée de son propre cœur.

Dans quel style allait-il écrire? Avec ces sentiments concentrés et tragiques, il avait l'esprit classique. Par le plus singulier mélange, les livres qu'il préférait étaient à la fois les plus violents ou les plus réguliers, la Bible d'abord : « J'en suis « grand lecteur et grand admirateur, je l'avais lue «<et relue avant d'avoir huit ans; j'entends l'An«< cien-Testament, car le Nouveau, pour moi, était <«< une tâche, mais l'ancien un plaisir '. » Remarquez ce mot, il ne goûte point le mysticisme tendre et abandonné de l'Évangile, mais la roideur atroce et les cris lyriques des vieux Hébreux. A côté de la

1. I am a great reader and admirer of those books (the Bible) and had read them through and through before I was eight years old. That is to say the Old Testament, for the New struck me as a task, but the other as a pleasure.

Bible, ce qu'il aime, c'est Pope, le plus correct, le plus compassé des hommes : « Je l'ai toujours

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regardé comme le plus grand nom de notre poésie. Comptez là-dessus, les autres sont des « barbares.... Vous pouvez appeler Shakspeare et <«< Milton des pyramides, je préfère le temple de « Thésée ou le Parthénon à des montagnes de bri«ques brûlées'. » Et aussitôt il écrit deux lettres avec une verve et un esprit incomparables pour défendre Pope contre les mépris des écrivains modernes. Ce sont ces écrivains, à son avis, qui ont gâté le goût public. Les seuls d'entre eux qui valent quelque chose, Crabbe, Campbell, Rogers, imitent le style de Pope; quelques autres ont du talent, mais, à tout prendre, les nouveaux venus ont perverti la littérature; ils ne savent plus leur langue, leurs expressions ne sont que des à-peu-près, audessous ou au-dessus du ton, forcées ou plates. Luimême il se range parmi les corrupteurs, et l'on voit bien vite que cette théorie n'est pas une impro

1. As to Pope, I have always regarded him as the greatest man in our poetry. Depend upon it, the rest are barbarians. He is a Greek temple, with a gothic cathedral on one hand and a turkish mosque, and all sorts of fantastic pagods and conventicles about him. You may call Shakspeare and Milton pyramids, but I prefer the temple of Theseus or the Parthenon to a mountain of burnt brick-work.... The grand distinction of the underforms of the new school of poets is their vulgarity. By this I do not mean they are coarse, but shabby genteel.

2. All the styles of the day are bombastic. I dont except my own, no one has done more through negligence to corrupt the language.

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