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acte, un citoyen dit assez haut pour être entendu de ses voisins: « Cette pièce devrait s'appeler l'École des Rois.» J'ai adopté le second titre. Le citoyen dont je parle est M. Maumené, négociant à Paris. Les gens curieux d'anecdotes sauraient quelque gré à un auteur de leur avoir conservé le nom du vieillard qui, à la représentation des Précieuses ridicules, s'écria du fond du parterre : « Courage, Molière! voilà la bonne comédie.

Page 67, vers 3.

Le soir, le lendemain, vingt lettres anonymes
M'annonçaient un assassinat;

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Le jour même de la première représentation, on m'avertit que la pièce ne serait pas seulement commencée; que je serais sifflé, hué, et, qui pis est, égorgé. Beaucoup de gens au parterre avaient des pistolets dans leur poche. Un quart d'heure avant le lever du rideau un homme eut la bêtise ou la méchanceté d'aller dire à madame Vestris qu'on tirerait sur elle et sur le Cardinal aussitôt qu'ils paraîtraient; mais le public imposa silence à la cabale imbécille qui se flattait d'écraser cette tragédie patriotique : elle fut écoutée avec une attention parfaite; et le silence ne fut troublé que par des applaudissemens universels. La pièce fut bien jouée; et dans les représentations suivantes le jeu des acteurs s'est encore perfectionné. MM. Vanhove, Naudet, Saint-Prix et Saint-Fal, rendent avec beaucoup de vérité les rôles de l'Hôpital, de Coligni, du cardinal de Lorraine et du roi de Navarre. Catherine de Médicis et son fils Charles IX sont représentés supérieurement par madame Vestris et M. Talma, qui, très-jeune encore, a déployé dans cette pièce un talent fort rare. Plusieurs personnes ont déposé dans le procès de l'insensé marquis de Favras qu'il avait voulu faire tomber Charles IX, à la troisième représentation, moyennant 18 ou 20,000 livres.

Page 67, vers 9.

Des Gautiers, des Charnois disciple infortuné.

M. Gautier, qui n'est pas même Gautier Garguille, est un écrivain des Charniers, auteur d'une misérable feuille intitulée : Journal général de la cour et de la ville. Les gens qui lisent tout m'assurent que je suis souvent attaqué dans ce journal. Si M. Gautier peut gagner un écu de plus en me dénigrant, il fait son métier de folliculaire; et je l'exhorte à continuer.

M. de Charnois, écrivain très-inférieur à la classe médiocre, est pourtant supérieur à M. Gautier. Il a, comme Perrin Dandin, la fureur de juger; mais il se borne à vouloir juger de littérature, et surtout de littérature dramatique. Il est d'ailleurs fort ignorant. Il fait aussi un journal intitulé : le Spectateur national. Il s'y est permis plusieurs mensonges sur la tragédie de Charles IX ; je ne compte pas les absurdités. M. de Charnois a déja été traîné dans la boue par M. de La Harpe, M. Palissot et plusieurs autres écrivains distingués. Vouloir augmenter son ridicule serait une entreprise impossible. C'est un de ces gens auxquels on ne saurait dire pis que leur nom.

Page 67, vers 21 et 22.

Faut-il

que la race nouvelle

Apprenne et l'existence et le nom d'un Suard?

M. Suard était ci-devant censeur du théâtre; il est de plus membre de l'Académie Française. On a tort de lui contester ses titres littéraires; il n'a tenu qu'à lui d'avoir une grande réputation: il lui suffisait de signer les lettres qu'il adressait àu Journal de Paris. Des gens dignes de foi m'ont assuré qu'il

avait fait d'autres ouvages. M. Suard jouit de sa gloire, avec modestie : c'est une vertu de plus 1.

Page 67, vers 25 et 26.

Sieys doit inventer les lois

Que La Fayette doit défendre.

M. l'abbé Sieys, député de Paris à l'Assemblée nationale, est un de ceux à qui la France devra le plus de reconnaissance pour l'admirable Constitution dont elle va jouir. Depuis J. J. Rousseau, je ne connais pas d'écrivain qui ait appliqué la philosophie à la politique avec autant de profondeur et de hardiesse.

Quant au nom de M. La Fayette, il figurera dans l'histoire parmi les noms glorieux des défenseurs des peuples et de la liberté.

1. Alors l'excellent Tableau de la littérature n'avait pas encore paru. Nous y renvoyons les lecteurs curieux d'apprendre comment Chénier sut réparer ses torts envers un des écrivains distingués da dix-huitième siècle. (Note de l'éditeur.) Voyez chap. III, Rhétorique et Critique littéraire, t. III, OEuvres posthumes.

PETITE ÉPITRE

A JACQUES DELILLE.

1802.

MARCHAND de vers, jadis poète,
Abbé, valet, vieille coquette,
Vous arrivez : Paris accourt.
Eh! vîte, une triple toilette:
Il faut unir à la cornette
La livrée et le manteau court.
Vous mîtes du rouge à Virgile;
Mettez des mouches à Milton;
Vantez-nous bien du même style
Et les émigrés et Caton;
Surpassez les nouveaux apôtres
En théologales vertus;
Bravez les tyrans abattus,
Et soyez aux gages des autres.

Vous ne nous direz plus adieu:
Nous rendons les clefs de saint Pierre ;

Mais, puisque vous protégez Dieu,

N'outragez plus feu Robespierre.
Ce grand pontife aux indévots
Rendit quelques mauvais offices;
Il eût été votre héros

S'il eût donné des bénéfices.

Virgile, en de riants vallons,
A célébré l'agriculture;

Vous, l'abbé, c'est dans les salons
Que vous observiez la nature.
Soyez encor l'homme des champs,
Suivant la cour, suivant la ville.
Votre muse, au pipeau servile,
Immortalisa dans ses chants

Les lacs pompeux d'Ermenonville,
Et les fiers jets d'eau de Marli,
Les déserts bâtis par Monville,
Et les hameaux de Chantilli.

Des princes un peu subalternes,
Des grands seigneurs un peu modernes,
Ont aujourd'hui les vieux châteaux;

N'importe le ciel vous fit naître

:

Trop bas pour aimer vos égaux,

Trop vain pour vous passer de maître. Les rossignols en liberté

Aiment à confier leur tête

Aux rameaux du chêne indompté,

Que ne peut courber la tempête;

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