Графични страници
PDF файл
ePub

jamais aux autres apôtres de lui obéir ; qu'il n'y a pas apparence que jamais St. Pierre ait été à Rome; que le pape n'a pas plus de puissance qu'aucun des autres évêques; que tous les évêques sont égaux de droit divin; que la plénitude de puissance que les évêques de Rome prétendent, est menterie toute ouverte, un crime exécrable: Quant au temporel,—que Christ, dont ils se prétendent les vicaires, n'a créé aucune puissance temporelle en terre, et s'est assujetti, lui et ses apôtres, à celle de son tems; que les apôtres après sa mort ont vècu de la même manière sous la puissance des princes, et ont enseigné tous les hommes d'en faire de même; par conséquent qu'au pape n'appartient aucune jurisdiction, encore moins sur les princes et l'empereur; que lorsqu'il l'entreprend ils sont tenus de droit divin de lui résister de droit et de fait; que s'ils ne le font pas, ils sont injustes, et péchent contre Dieu; que le seul canon de la Bible est la source de vérité, contre lequel il ne faut croire ni au pape ni à l'église-que l'église chrétienne est l'université des fidèles, non le pape et ses cardinaux, non la Romaine, &c. Ce traité de Marsille de Padoue est si fort rempli de choses, que jamais personne n'a mieux traité cette matière. Michel de Cesène allait plus loin, et disait rondement que le pape était l'opposé de Christ. Aussi Antonin archévêque de Florence le met-il entre

les Fratricelli, que nous avons vu être les Vaudois; et cet archévêque avait raison, car je suis en état de prouver, que tant Michel que Marsille avaient eu des conferences, et un commerce de lettres suivi, avec des pasteurs Vaudois, et entr'autres avec le barbe Pascal, qui avait été en Calabre et qui avait parcouru toute l'Italie. Cet archévêque remarque 66 que la Marche d'Ancone était pleine de ces gens-là, de même que Florence, d'où étant chassés ils se retirèrent sur les terres des Grecs." Il compte même Louis de Baviere comme leur adhérant. Voilà donc tous les matériaux d'une réformation, dans l'état civil et dans l'état ecclésiastique; jettés par des Italiens instruits par des Vaudois; prêts à germer et à produire les plus grands effets;-mais il fallait des circonstances heureuses; il fallait que le siége de Rome fût occupé par un Alexandre VI. par un Jule II. et par le voluptueux Léon X. pour que ces idées, profondement gravées dans plusieurs têtes, pûssent devenir générales; il fallait qu'elles tombâssent dans une tête qui ne parût pas ennemie de Rome et de ses exorbitantes prétentions, pour s'accréditer. Ainsi la bonne et sage Providence se joue de la sagesse des hommes, et conduit d'une manière imperceptible ses desseins à leurs fins. Jamais Léon, entouré de plaisirs et de savans, ne se fût ima

giné qu'un pauvre moine, d'abord ennemi déclaré des Vaudois, aurait renversé dans peu d'années ce qui avait couté des peines infinies à ses prédecesseurs; aurait enlevé à son siége la moitié de l'Europe; et aurait mis l'autre moitié à l'abri de ses attentats, et prête à sécouer, tôt ou tard, un joug honteux pour la raison et pour la religion.

12. Je crois devoir placer ici un abregé de l'édit publié par l'empereur Louis de Baviere contre Jean XXII. "L'empereur Louis IV. par le seul don de Dieu César Auguste, à tous chrétiens, salut. Pierre et Paul principaux ambassadeurs de la majesté eternelle, dès long-tems nous auraient prédit, et soigneusement annoncé, qu'il viendrait après eux de faux prophètes, rusés et hardis, des prêtres ambassadeurs de mensonges, et nous auraient dès long-tems dépeint leurs actions; ils seront assis, disent-ils, au temple de Dieu, comme s'ils étaient Dieu; ils s'éléveront surtout ce qui est en adoration ou vénération, &c. Cela donc que ces véritables prophètes, interprètes des secrets de Dieu, nous ont ci-devant annoncé, nous trouvons par l'expérience que cela est très-vrai, et si nous ne sommes des ânes, nous le sentons. Nous ne le nions pas, le monde est trop superstitieux, au malheur de ce tems, pour y résister, et eux trop ingénieux à inventer des superstitions pour amorcer et tromper

le peuple; c'est à moi de découvrir et de réfuter ces ruses et subtilités, de peur qu'ils n'en imposent à la simplicité chrétienne, et ne se jouent de la vérité Divine. Des épines on ne recueille point des Le prophète de Dieu ne re

grappes.

çoit point de présens. Christ a dit à ses apôtres, "Qui veut être le plus grand qu'il soit le moindre; les rois dominent sur le peuple, mais vous êtes serviteurs de mon troupeau; pasteurs et non seigneurs ;" et bien, que ces paroles soient très-claires, ces méchans pharisiens néanmoins, ces anti-christs entièrement perdus, maintiennent qu'un empereur élu par les voix des princes de l'empire, ne le peut être, si le pape de l'une et de l'autre puissance n'en est auteur."

66

Et là-dessus, il réfute cette proposition comme contraire à l'écriture sainte, aux loix et aux canons anciens, et à l'usage de tous les tems. Ensuite il ajoute : Pour ces causes nous appellons bien et dûment, de l'ennemi de la république chrétienne à un concile général de toute la chrétienté, de laquelle il est membre et non chef, "en tant," dit St. Jérome, "que l'église de tout le monde est plus grande que celle d'une ville."

13. Je ne m'étendrai pas ici sur Wiclef et sa doctrine. Personne n'ignore que ce docteur embrassa la doctrine des Vaudois, qui passa en Angleterre dans le tems que les Anglais possédaient la Guienne et plusieurs autres provinces

de France, où les Vaudois étaient très-nombreux. Mais je parlerai en deux mots de Jean Purvai disciple de Wiclef, qui écrivit plusieurs livres pour la défense des principaux points de sa doctrine, et entre autres un commentaire sur l'apocalypse, qui est appellé, "Ante Centum Annos," où il dit, Déjà se sont écoulés sept ans, que généralment le pape Romain a été divulgué pour le grand anti-christ, par les prédicateurs évangéliques, savoir depuis l'an 1382. Je n'eusse jamais, ajoute-t-il, écrit ces choses contre l'antichrist et les siens, s'ils ne m'eussent emprisonné pour me fuire taire. Il parait par les chapitres x. et xi. qu'il était en prison, les fers aux pieds, lorsqu'il l'écrivait.

En Saxe en 1409 et en Poméranie, on arrêta et examina plus que quatre cents personnes faisant profession des sentimens des Vaudois, qui confessèrent que c'était ceux de leurs ancêtres, et que leurs docteurs leur étaient venus de Bohême, et cela depuis très-long tems. Leurs procés font foi qu'ils étaient de bonnes mœurs, graves, modestes, s'abstenant du mensonge, des juremens, et autres choses mal-honnêtes.

Walsingham,* moine Anglais, parle de la per

* In Hypodigmate Neustriæ, in Heuric. II. Id. in Richard. II. an. 1401..

« ПредишнаНапред »