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Aux accens prolongés de l'airain monotone,
S'éveillant en sursaut, le pesante Sorbonne
Redemande ses bancs, à l'ennui consacrés,
Et les argumens faux de ses docteurs fourrés.
Ainsi qu'un écolier honteux devant son maître,
La Harpe aux sombres bords t'aura conté peut-être
Des préjugés bannis le burlesque retour,

Et comment il advint que lui-même un beau jour
De convertir le monde eut la sainte manie;
Tu lui pardonneras: il a fait Mélanie.

Mais qu'a fait ce pédant qui broche au nom du ciel
Son feuilleton, noirci d'imposture et de fiel?
Qu'ont fait ces nains lettrés qui, sans littérature,
Au-dessous du néant soutiennent le Mercure?
Oh! si, dans le fracas des sottises du tems,
Tu pouvais reparaître au milieu des vivans,
Les mains de traits vengeurs et de lauriers armées,
Comme on verrait bientôt ce peuple de Pygmées
Dans son bourbier natal replongé tout entier,
Avec Martin Fréron, Nonote et Sabatier!

Tu livras les méchans au fouet de la Satire.
Et qu'importe en effet qu'un rimeur en délire
Publie incognito quelque innocent écrit?
Qu'Armande et Philaminte, en leurs bureaux d'esprit,
Vantent nos Trissotins, parés de fleurs postiches?
A quoi bon faire encor la guerre aux hémistiches?
Il faut la déclarer au vil adulateur

Qui répand dans les cours son venin délateur;
Au Zoïle impudent que blesse un vrai mérite;
A l'esclave oppresseur, à l'infâme hypocrite;
Sans cesse il faut armer contre leur souvenir
Un inflexible vers, que lira l'avenir.

Voilà donc le parti qui veut par des outrages
A la publique estime arracher tes ouvrages!
Qui prétend sans appel condamner à l'oubli
Un siècle où la raison vit son règne établi!
Vain espoir! tout s'éteint les conquérans périssent;
Sur le front des héros les lauriers se flétrissent;
Des antiques cités les débris sont épars;
Sur des remparts détruits s'élèvent des remparts;
L'un par l'autre abattus, les empires s'écroulent;
Les peuples entraînés, tels que des flots qui roulent,
Disparaissent du monde; et les peuples nouveaux
Iront presser les rangs dans l'ombre des tombeaux;
Mais la pensée humaine est l'âme toute entière:
La mort ne détruit pas ce qui n'est point matière;
Le pouvoir absolu s'efforcerait en vain

D'anéantir l'écrit né d'un souffle divin:
Du front de Jupiter c'est Minerve élancée.
Survivant au pouvoir, l'immortelle pensée,
Reine de tous les lieux et de tous les instans,
Traverse l'avenir sur les ailes du tems.
Brisant des potentats la couronne éphémère,
Trois mille ans ont passé sur la cendre d'Homère;

Et, depuis trois mille ans, Homère respecté
Est jeune encor de gloire et d'immortalité;
Nos Verrès, que du peuple enrichit l'indigence,
Entendent Cicéron provoquer leur sentence;
Tacite, en traits de flamme, accuse nos Séjans;
Et son nom prononcé fait pâlir les tyrans;
Le tien des imposteurs restera l'épouvante.
Tu servis la raison; la raison triomphante
D'une ligue envieuse étouffera les cris,

Et dans les cœurs bien nés gravera tes écrits.
Lus, admirés sans cesse, et toujours plus célèbres,
Du sombre Fanatisme écartant les ténèbres,
Ils luiront d'âge en âge à la postérité;

Comme on voit ces fanaux dont l'heureuse clarté,
Dominant sur les mers durant les nuits d'orage,
Aux yeux des voyageurs fait briller le rivage,
Et, signalant de loin les bancs et les rochers,
Dirige au sein du port les habiles nochers.

ÉPITRE

A EUGÉNIE.

BELLE et séduisante Eugénie,
L'essaim des amours suit tes pas;
Des jeux la troupe réunie
Sourit à tes jeunes appas;
Mais décrier ce qu'on envie,
Ménager ce qu'on ne craint pas:
Telle est l'histoire de la vie.

Les sots craignent les gens d'esprit ;
Les laides redoutent les belles;
Des bégueules sempiternelles
Contre toi le courroux s'aigrit.
Aimer est le soin de ton âge;
Haïr est leur triste partage;
Tu nous plais: c'est les outrager;

OEuvres anciennes. III.

Plais-nous, s'il se peut, davantage, Pour les punir et te venger.

La prude Arsinoë tempête
En voyant briller sur ta tête
La rose et les jasmins nouveaux :
Ce sont les fleurs de la jeunesse ;
Celles de la triste vieillesse
Sont les soucis et les pavots.
Vainement la grave matrone
Que scandalise la gaîté,

D'un ton lourdement apprêté,
Se vante elle-même, et nous prône
Le bon ton, qu'elle connaît peu;
N'en déplaise à la pruderie:
L'ennui qui la suit en tout lieu
Est très-mauvaise compagnie.

Entends-tu fronder les amours,
Loin de la sphère des dévotes,
Par des médisantes moins sottes,

Non moins aigres dans leurs discours :

Par nos Armandes, nos Bélises,
Ces phénomènes, ces esprits,
Composant de petits écrits,

Qui sont pleins de grandes sottises?

L'une suit Newton dans les cieux;

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