Juges infenfés que nous fommes, Nous admirons de tels exploits. Eft-ce donc le malheur des hommes Qui fait la vertu des grands Rois! Leur gloire féconde en ruines Sans le meurtre et fans les rapines Ne fauroit-elle fubfifter?
Images des Dieux fur la Terre, Eft-ce par des coups de tonnerre Que leur grandeur doit réclater.
Mais je veux que dans les allarmes Refide le folide honneur.
Quel vainqueur ne doit qu'à les armes Ses triomphes et fon bonheur ! Tel qu'on nous vante dans l'Hiftoire, Doit peut-être toute fa gloire A la honte de fon rival. L'inexpérience indocile
Du Compagnon de Paul Emile Fit tout le fuccès d'Annibal.
Quel est donc le Héros folide Dont la gloire ne foit qu'à lui? C'est un Roi que l'équité guide, Et dont les vertus font l'appui. Qui prenant Titus pour modéle, Du bonheur d'un peuple fidéle Fait le plus cher de fes fouhaits: Qui fuit la basse flatterie; Et qui, pere de la patrie, Conte fes jours par fes bienfaits.
Vous, chez qui la guerriére audace Tient lieu de toutes les vertus, Concevez Socrate à la place Du fier meurtrier de Clitus: Vous verrez un roi refpectable, Humain, généreux, équitable;
Antoine Thomas, Mitglied der französischen Akade mie, und ehedem Professor des Kollegii zu Beauvais, machte sich zuerst durch einen Kommentar über des jüngern Racine Lehrgedicht, die Religion, noch mehr aber durch seine historischen Lobschriften und vermischten Gedichte bekannt. Beide empfehlen sich durch eine vorzüglich lebhafte und hinreissende Beredsamkeit, die aber zuweilen in allzu wortreis che Deklamation und üppigen Bilderprunk ausartet. Die erste Stelle unter seinen Gedichten gebührt wohl unftreitig seinem Epitre au Peuple, und der hier folgenden Ode an die Beit.
Qui me dévoilera l'inftant qui t'a vû naitre, O Tems! quel oeil remonte aux fources de ton être? Sans doute, ton berceau touche à l'éternité. Quand rien n'étoit encor, enseveli dans l'ombre De cet abîme fombre,
Ton germe y repofoit, mais fans activité.
Du chaos tout à-coup les portes f'ébranlerent; De foleils allumés les feux étincellerent; Tu naquis; l'Eternel te prefcrivit ta loi. Il dit au Mouvement: Du Tems fois la mesure. Il dit à la Nature:
Le Tems fera pour vous; l'Eternité pour moi.
Dieu, telle eft ton effence; oui, l'ocean des âges Roule au-deffous de toi fur tes frêles ouvrages, Mais il n'approche pas de ton trône immortel. Des millions de jours qui l'un l'autre f'effacent, Des fiècles qui f'entaffent,
Sont comme le néant aux yeux de l'Eternel.
Mais moi fur cet amas de fange et de pouffiere, En vain contre le tems je cherche une barriere; Son vol impétueux me prefle et me pourfuit: Je n'occupe qu'un point de la vafte étendue; Et mon ame éperdue
Sous mes pas chancelans, voit ce point qui f'enfuit.
De la Deftruction tout m'offre des images; Mon oeil épouvanté ne voit que des ravages; Ici, de vieux tombeaux que la mouffe a couverts; Là, des murs abatus, des colomnes brifées, Des villes embrafées,
Par tout les pas du Tems empreints fur l'Univers.
Cieux, tèrres, élémens, tout eft fous fa puif- fance,
Mais tandis que fa main, dans la nuit du filence, Du fragile Univers fappe les fondemens, Sur des aîles de feu, loin du monde élancée, Mon active pensée
Plane fur les débris entaffés par le Tems.
Siécles qui n'êtes plus, et vous qui devez naître, J'ofe vous appeller; hâtez vous de paroître! Au moment où je fuis, venez vous réunir! Je parcours tous les points de l'immenfe durée D'une marche affurée;
J'enchaine le préfent, je lis dans l'avenir.
Le Soleil épuisé dans fa brûlante courfe, De fes feux par degrés verra tarir la fource, Et de mondes vieillis les refforts f'uferont.
Ainfi que les rochers qui, du haut des montagnes, Roulent dans les campagnes,
Les aftres l'un fur l'autre un jour l'ecrouleront.
Là, de l'Eternité commencèra l'empire, Et dans cet océan, où tout va fe, détruire,
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