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«nie et les préparer aux plaisirs de ce lieu bien<< heureux. Mon cœur se fondait dans ce secret <<< ravissement.... Le Génie me conduisit alors vers « la plus haute cime du roc et me posa sur le faîte. << Jette tes yeux vers l'orient, me dit-il, et raconte<«< moi ce que tu vois. — Je vois, répondis-je, une large vallée et un prodigieux courant de mer qui << roule à travers elle. Considère maintenant, me << dit-il, cette mer, qui à ses deux extrémités est

except through the gates of death that I saw opening every moment upon the bridge. The islands, said he, that lie so fresh and green before thee, and with which the whole face of the ocean appears spotted as far as thou canst see, are more iv number than the sands on the sea shore; there are myriads o islands behind those which thou here discoverest, reaching farther than thine eye, or even thine imagination can extend itself. These are the mansions of good men after death, who according to the degree and kinds of virtue in which they excelled, are distributed among these several islands, which abound with pleasures of different kinds and degrees, suitable to the relishes and perfections of those who are settled in them; every island is a paradise accommodated to its respective inhabitants. Are not these, O Mirza, habitations worth contending for? Does life appear miserable, that gives the opportunities of earning such a reward? Is death to be feared, that will convey thee to so happy an existence? Think not man was made in vain, who has such an eternity reserved for him. I gazed with inexpressible pleasure on these happy islands. At length, said I, show me now, I beseech thee, the secrets that lie hid under those dark clouds which cover the ocean on the other side of the rock of adamant. The genius making me no answer, I turned about to address myself to him a second time, but I found that he had left me; I then turned again to the vision which I had been so long contemplating; but instead of the rolling tide, the arched bridge, and the happy islands, I saw nothing but the long hollow valley of Bagdat, with oxen, sheep, and camels grazing upon the sides of it.

<< bornée par des ténèbres, et dis-moi ce que tu y « découvres. Je vois, repris-je, un pont qui s'é«<lève au milieu du courant. - Le pont que tu vois, « me dit-il, est la vie humaine : considère-le atten<< tivement. L'ayant regardé plus à loisir, je vis qu'il consistait en soixante-dix arches entières et <«< en plusieurs arches rompues qui, avec les autres, <«< faisaient environ cent. Comme je les comptais, le « Génie me dit que ce pont était d'abord de mille «arches, mais qu'une grande inondation avait balayé le reste, et l'avait laissé presque ruiné comme je le voyais maintenant. Dis-moi encore, repritil, ce que tu y découvres? — Je vois, répondis-je, « une multitude de gens qui le traversent, et un « nuage noir suspendu sur chacune de ses deux « issues. Puis, regardant plus attentivement, je vis plusieurs des voyageurs tomber au travers dans la

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grande marée qui coulait au-dessous, et je décou« vris bientôt qu'il y avait dans ce pont des trappes « innombrables cachées, où l'on ne mettait le pied « que pour s'enfoncer et disparaître à l'instant. Ces

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piéges étaient très-serrés à l'entrée du pont, en << sorte que des multitudes d'arrivants, à peine sortis <«< du nuage, s'y engloutissaient dès l'abord. Ils de<< venaient moins nombreux vers le milieu, mais se

multipliaient et se pressaient en approchant des <«< dernières arches complètes. Quelques voyageurs, « à la vérité, mais leur nombre était bien petit, « avançaient en clopinant jusque sur les arches <«< rompues, mais tombaient tour à tour, au travers,

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épuisés comme ils étaient et accablés d'une si longue marche.... Mon cœur se remplit d'une pro« fonde tristesse en voyant plusieurs des passants qui tombaient à l'improviste, au milieu de leur joie « et de leurs éclats de rire, et s'accrochaient à tout <«< ce qui était près d'eux pour se sauver. D'autres << avaient les yeux vers le ciel, dans une attitude pensive, et au milieu de leur contemplation trébu«< chaient, et on ne les revoyait plus. Il y avait des << multitudes affairées à la poursuite de babioles qui «<< brillaient et dansaient devant leurs yeux; mais sou<< vent, au moment où ils croyaient les saisir, le pied «<leur manquait, et ils étaient précipités.... Je pous« sai un profond soupir, et le Génie, touché de compassion, me dit de regarder vers cet épais brouil<< lard dans lequel le courant portait les diverses générations de mortels engloutis. Je regardai, et « mes yeux qu'il avait fortifiés virent que la vallée « s'ouvrait à son extrémité et s'étendait en un océan «< immense où s'allongeait un roc énorme de dia<«<mant qui la divisait en deux parts. Les nuages << reposaient encore sur une des deux moitiés, en <<< sorte que de ce côté je ne pus ne pus rien découvrir; mais «<l'autre était un vaste océan semé d'îles innombra«bles ces îles étaient couvertes de fruits et de « fleurs, et entrecoupées de mille petites mers bril<< lantes qui serpentaient tout au travers. J'y pus

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distinguer des personnages revêtus d'habits glo«rieux avec des couronnes sur leurs têtes, les uns « passant parmi les arbres, d'autres couchés au

« bord des fontaines, d'autres reposant sur des lits « de fleurs, et j'entendis une harmonie confuse de <«< chants d'oiseaux, d'eaux murmurantes, de voix << humaines et d'instruments mélodieux. - La joie « entra dans mon cœur à la vue d'une apparition si « délicieuse. Je souhaitai les ailes d'un aigle pour « m'envoler jusqu'à ces demeures fortunées; mais « le génie me dit qu'on n'y pénétrait que par les portes de la mort que je voyais s'ouvrir à chaque «< instant sur le pont. Ces îles, me dit-il, que tu « vois si fraîches et si vertes et dont la face de « l'Océan semble bigarrée aussi loin que tes regards « portent, sont plus nombreuses que les grains de «sable sur le rivage de la mer; il y en a des my<«< riades derrière celles que tu découvres, au delà

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de ce que ton œil, et même de ce que ton imagina<«<tion peut atteindre. Elles sont les demeures des << hommes de bien après leur mort.... Ne sont-ce point là, ô Mirza, des asiles dont la possession mé<< rite des efforts? La vie semble-t-elle misérable, lors« qu'elle fournit l'occasion de gagner une telle récompense? Dois-tu craindre la mort qui te conduit << vers une vie si heureuse? Ne juge pas que l'homme << ait été fait en vain, puisqu'une telle éternité lui a « été réservée. Je contemplai avec un plaisir inexprimable ces îles bienheureuses. Maintenant,

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dis-je au Génie, montre-moi, je t'en supplie, les "secrets cachés derrière ces noirs nuages qui cou« vrent l'Océan de l'autre côté du roc de diamant. « Comme le Génie ne me répondait pas, je me tour

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« nai pour lui faire une seconde fois ma demande, <«< mais je trouvai qu'il m'avait quitté. Je voulus re« voir alors la vision que j'avais si longtemps con

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templée. Mais au lieu de la marée roulante, du << pont avec ses arches, et des îles heureuses, je ne « vis rien que la longue vallée creuse de Bagdad << avec les troupeaux de bœufs, de brebis et de cha«meaux qui paissaient sur ses deux flancs. »

Dans cette morale ornée, dans cette belle raison si correcte et si éloquente, dans cette imagination ingénieuse et noble, je trouve en abrégé tous les traits. d'Addison. Ce sont les nuances anglaises qui distinguent leur âge classique du nôtre, une raison plus étroite et plus pratique, une urbanité plus poétique et moins éloquente, un fonds d'esprit plus inventif et plus riche, moins sociable et moins délicat.

« ПредишнаНапред »