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LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

1906

Droits de traduction et de reproduction réservés.

7184 v.5

102294

MOR

AVERTISSEMENT

Ce volume est le complément de l'Histoire de la littérature anglaise; il est écrit sur un autre plan, parce que le sujet est autre. La période présente n'est point encore accomplie, et les idées qui la gouverneront sont en voie de formation, c'est-à-dire à l'état d'ébauches; c'est pourquoi on ne peut à présent les grouper en système. Quand les documents ne sont encore que des indices, l'histoire doit se réduire à des études; la science se modèle sur la vie, et nos conclusions restent forcément incomplètes, quand les faits qui nous les suggèrent sont inachevés. Dans cinquante ans, on pourra écrire l'histoire de ce siècle; en attendant on ne peut que l'esquisser. J'ai choisi parmi les écrivains anglais contemporains les esprits les plus inventifs, les plus conséquents et les plus opposés; on peut les considérer comme des spécimens qui représentent les traits communs, les tendances contraires, et par suite la direction générale de l'esprit public.

Ce ne sont que des spécimens. A côté de Macaulay

et de Carlyle, il y a des historiens comme Hallam, Buckle et Grote; à côté de Dickens et de Thackeray, il y a des romanciers comme Bulwer, Charlotte Brontë, mistress Gaskell, Eliot, et je ne sais combien d'autres; à côté de Tennyson, il y a des poètes comme Élisabeth Browning; à côté de Stuart Mill, il y a des philosophes comme Hamilton, Bain et Herbert Spencer. Je laisse de côté le très grand nombre d'hommes de talent qui écrivent sans les signer les articles des revues, et qui, comme des soldats dans une armée, manifestent parfois plus. clairement que les généraux les facultés et les inclinations de leur temps et de leur nation. Si l'on cherche ce qu'il y a de commun dans cette multitude d'esprits divers, on y retrouvera, je pense, les deux traits saillants que j'ai déjà marqués. L'un de ces traits est propre à la civilisation anglaise, l'autre à la civilisation du XIXe siècle. L'un est national, l'autre est européen. D'un côté, et cela est particulier à ce peuple, cette littérature est une enquête instituée sur l'homme, toute positive et partant médiocrement belle, ou philosophique, mais très exacte, très minutieuse, très utile, en outre très morale, et cela à un tel degré que parfois la générosité ou la pureté de ses aspirations l'élèvent jusqu'à une région que nul artiste ou philosophe n'a dépassée. D'un autre côté, et cela est commun aux divers peuples de notre age, cette littérature subordonne les croyances et les institutions régnantes à l'examen personnel et

à la science établie, je veux dire à ce tribunal irrécusable qui se dresse dans la conscience solitaire de chaque homme, et à cette autorité uniyerselle que les diverses raisons humaines rectifiées l'une par l'autre et contrôlées par la pratique, empruntent aux vérifications de l'expérience et à leur propre accord.

Quel que soit le jugement qu'on porte sur ces tendances et sur ces doctrines, on ne pourra, je pense, leur refuser le mérite d'être spontanées et originales. Ce sont des plantes vivantes et des plantes vivaces. Les six écrivains décrits dans ce volume ont exprimé sur Dieu, la nature, l'homme, la science, la religion, l'art et la morale, des idées efficaces et complètes. Pour produire de telles idées, il n'y a aujourd'hui en Europe que trois nations, l'Angleterre, l'Allemagne et la France. On trouvera ici celles de l'Angleterre ordonnées, discutées, et comparées à celles des deux autres pays pensants.

« ПредишнаНапред »