Du ton le plus modeste avoua son vainqueur. « Devant un tel talent il faut battre en retraite, >> Vous connaissez de l'art toute la profondeur. » Mes soins de temps en temps font triompher l'erreur ; » Votre victoire à vous nuit et jour se répète ». FABLE XLIII. Le Conseil des Chevaux. Des Chevaux dans un pré vivaient paisiblement. Un poulain à la tête ardente Troubla, vous allez voir comment, La république hennissante. Les états assemblés furent tumultueux. Enflammé de colère et bouillant de jeunesse, Cet orateur impétueux, De sa séditieuse ivresse Par ce discours communiqua les feux. « Que notre espèce est avilie! >> Nous gémissons courbés sous l'opprobre et les fers » Si nos pères les ont soufferts, >>Devons-nous hériter d'une telle infamie? >>Considérez, amis, votre force et vos droits ; »A votre indépendance un moment peut vous rendre; » Et votre tyran va descendre >>Du char d'où son orgueil vous impose des lois. »Voyez à quels travaux nous condamne sa rage : >>Il faut du soc pesant diriger le couteau, » Tantôt suer sous un fardeau, »Ou souffrir du harnois l'importun équipage. » Près des nerfs vigoureux de nos quatre jarrets >>Que sont ceux, dites-moi, de ce maître débile? >>Et nous pourrions encor, vil troupeau de sujets, >> Prêter au mords cruel une bouche docile? >> Une selle accablante écraserait mon dos! »De l'éperon tranchant je subirais l'outrage! » Non, non, un instant de courage >> Lavera notre honte et finira nos maux. » Que plutôt du lion, da tigre sanguinaire » L'on dompte Jaférocité; » Tels que les animaux fiers de leur liberté, Fut du jeune orateur l'honorable salaire. Sur l'auditoire ému lance un regard sévère. Et le Nestor de son espèce. Déjà de la révolte on levait l'étendard, Il parle, et pour l'entendre à l'envi l'on se presse. ".. Jeune, dit-il, j'ai comme vous Langui dans les travaux et dans la servitude » L'homme de mon déclin rendant les jours plus doux, » M'a par d'utiles dons prouvé sa gratitude. » Pour moi l'été mûrit ces pâturages frais; >> Le calme et le repos consolent ma vieillesse. » L'homme, il est vrai, de nos sueurs engraisse » Et fertilise ses guérêts; >> Mais sa courageuse constance >> Partage nos labeurs et veille à nos besoins; »Si des sombres hivers nous bravons l'inclémence, » C'est sous le toit qu'ont élevé ses soins. » Pour recueillir notre pâture >> Il brave du midi la dévorante ardeur; >> Compagnons des maux qu'il endure, >> Nous partageons aussi ses moissons, son bonheur; » Et puisque la sage nature >> Veut que chacun s'entr'aide et se serve d'appui, » Sonmettez-vous, sans venir aujourd'hui » Opposer à ses lois un insolent murmure». Ce discours prévalut, et mon jeune poulain Ainsi que ses aïeux s'assujettit au frein. ་་ལ་འའ་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་་ FABLE XLIV. Le Chien et le Chasseur, PAR ses premiers écarts un sot impertinent De la pitié d'abord excite le sourire; Mais s'il s'obstine, au mépris qu'il inspire Un Chasseur, du soleil devançant la lumière, La meute dans les bois s'élance toute entière, Où l'on dispute aussi d'ardeur ; Muet d'attention, et sans reprendre haleine, De la trace en commun l'on consulte l'odeur. Lourdaut, chien de mauvaise race Chien fort ignorant de la chasse, Pousse d'horribles hurlements. Insensible à ses cris, la meute suit sa proie, |