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Que la peste t'emporte avec ton cri sauvage,
J'avais prévu qu'il me serait fatal.

- Votre toilette, hélas ! répond la volatile, Réclame tous vos soins; calmez ce grand courroux, Par quel tort ai-je pu soulever votre bile?

Votre malheur n'est dû qu'à vous.
Sur votre mule à la marche assurée,
Il fallait vous poster vous et votre denrée ;
Cent corneilles alors de leurs sinistres cris
Auraient en vain assiégé l'équipage;
Lors Perrette et ses œufs solidement assis

N'auraient souffert aucun dommage.

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FABLE XXXVIII.

La Poule et la Fourmi.

Sun les défauts d'autrui l'on a les yeux ouverts,

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Et l'on est envers soi prodigue d'indulgence;

Tel surprend du voisin les plus légers travers,

Qui sur ses propres torts sommeille en assurance.

Pour changer d'air, un beau matin,

Certaine Poule qui s'ennuie

Va, de sa famille suivie`,

S'ébattre dans le bois voisin.

On arrive en un lieu qui de fourmis foisonne ; - Venez, mes petits, venez tous,

Dit la mère, voyez quelle aubaine pour vous, Mangez à mon exemple et que chacun s'en donne, Nous avons à choisir, mais n'épargnons personne, Et dussions-nous ici demeurer jusqu'au soir,

Exterminons ce peuple noir.

Quel excellent ragoût! ma foi! c'est bien dommage Que tous les cuisiniers et leurs maudits couteaux Soient toujours sur notre passage,

Nous serions sans cela les plus heureux oiseaux. Mais l'homme est si gourmand! Pâques en sa

crifice

Nous

Nous verra tomber par milliers,

Fricassés, ou rôtis, il faudra qu'on pâtisse

Pour régaler ces êtres carnassiers.

Sur la table champêtre et sur la plus exquise,
Les poulets, ce jour-là fumeront bons et beaux.
Pourtant des péchés capitaux

Il est sûr que la gourmandise
Est le plus laid et le plus gros.

Une Fourmi qui, par prudence,

Du haut d'un arbre écoutait l'orateur,

Lui dit: Tes discours vont au cœur;

Tu parles d'or en conscience.

Et moi sur-tout qui vis ton modeste gosier
Engloutir à l'instant un peuple tout entier,
Je sens bien mieux ton éloquence.

FABLE XXXIX.

Le Père et Jupiter.

Un mortel fit un vœu d'une imprudence extrême.

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Qu'alla-t-il demander au souverain des dieux ?
Une femme; il l'obtint : mais Jupiter lui-même
Trouva le présent périlleux.

Aussitôt marié, c'est une autre prière;
Et Jupiter encor se montra complaisant :
Il ajoute au premier présent

Deux aimables garçons, une belle héritière.
Des enfants qui lui sont donnés

Notre époux à l'instant occupe sa tendresse ;
Il sait que la beauté, le pouvoir, la richesse,
Sont d'hommages constants par-tout environnés.
« O Jupiter, dit-il, que ta magnificence

>> De mes enfants chéris couronne le bonheur;

>> Fais que mon fils aîné, ma plus douce espérance, >> De la fortune un jour éprouve la faveur.

» Que de l'ambition dans l'ame de son frère

» Le noble sentiment allume tous ses feux;

» Que d'un pouvoir immense heureux dépositaire, » Des humbles courtisans il reçoive les vœux.

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Ajoute, s'il se peut, aux attraits de ma fille;

» Si d'un éclat nouveau tu permets qu'elle brille, » Son père trop heureux n'a rien à souhaiter ». Sur tous ces points encore il se voit contenter. L'aîné, spéculateur rapace;

Aux plus sombres désirs ouvre son triste cœur;
La nuit, le jour, il calcule, il entasse ;
Chaque instant accroît sa fureur.

Le sommeil a fui sa paupière;

Il voit avec son or augmenter son chagrin ;
Tourmenté de besoins qu'il n'ose satisfaire,
Au sein de l'abondance il éprouve la faim.
Au faîte des honneurs l'ambitieux s'élance;
Mais bientôt à la cour il rencontre un écueil.

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