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D'un mal encor plus incurable.

Au bord d'un précipice il voit l'ambitieux
En butte à des rivaux, à des amis perfides :
Sur lui la jalousie ouvrant des yeux livides,
Appelle la rigueur du sort capricieux.

Il déserte la cour et dans les champs paisibles
Va respirer un air plus pur :

Du lac silencieux il contemple l'azur,

Et de ses arbrisseaux guide les bras flexibles.
Mais l'impitoyable Souci

Le poursuivra dans cet asyle;

Pauvre cultivateur, pour sa maison fragile
Il craint le froid, le chaud, le sec, l'humide aussi.
Mille insectes rongeurs fourmillent dans la plaine;
Par-tout où l'homme arrive, il y trouve la peine.
Le nôtre enfin désespéré

Fit avec l'ennemi ce pacte raisonnable.

-

Paisque mon sort, dit-il, du tien inséparable,

A de nouveaux ennuis est sans cesse livré,

A marcher devant moi franchement je t'invite;

Mais remplis en tout point mon vœu,

Et promets que dans aucun lieu

Tu ne paraîtras à ma suite.

FABLE XXXII.

Le Moineau et les deux Hiboux.

DEUX Hiboux érudits, côte à côte perchés,

Ensemble raisonnaient d'une voix solemnelle.
L'un disait : —Au bon goût le siècle est infidèle ;
Les sages aujourd'hui ne sont plus recherchés.
Le Grec, connaisseur en mérite,

Parmi tous les oiseaux distingua nos ayeux,

Car il suffit d'avoir des yeux

Pour voir que sur nos fronts la sagesse est écrite.

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Athène du savoir le siège, le berceau,

Envers notre talent signala son hommage;
Le titre le plus beau pour nous en fut le gage,

Et par-tout de l'Attique on respecta l'oiseau.

- C'est très-bien raisonner, mon frère,

Répondit l'autre, essayant d'ouvrir l'œil,
Athène à notre égard fit ce qu'elle dut faire,
Soit dit entre nous sans orgueil.

Ajoutez-y qu'emblême du génie,

Un des nôtres ornait le casque de Pallas;

Maintenant notre espèce, hélas !

Près celle des Moineaux se voit par-tout honnie. Un Moineau, le voisin de ces deux discoureurs, Interrompt un moment ce concert de louanges; -Qui vous connaît, dit-il, vous trouve moins

étranges,

Sottise et vanité vivent toujours en sœurs.
Le peuple de Cadmus honora votre espèce,
On vous voyait briller au front de leur déesse;
Mais vous seuls ignorez, parmi le peuple oiseau,
Pourquoi l'on vous plaça dans un poste si beau.
Ils enseignaient par-là qu'une vaine apparence
Ne doit à notre estime obtenir aucun droit,
Et que le fou d'un sage offrant la ressemblance,

Peut par sa grave contenance
Surprendre l'oeil le plus adroit.

Si du mépris qui vous menace
Vous voulez éviter la juste explosion,
Abjurez la prétention

Qui sied si mal à votre race

Et bornez-vous à prendre les souris ;

Bon accueil et festins exquis

Seront alors le prix de votre vigilance;

Et du plus gras fermier les chats moins bien nourris

De votre table environt l'abondance.

FABLE XXXIII.

Du haut

Le Courtisan et Prothée.

u haut de la faveur est-il précipité?

L'homme de cour aux champs va cacher sa dis

grace,

Mais le luxe et l'orgueil suivent encor sa trace, Et de ses premiers goûts son cœur est tourmenté.

Bientôt d'autres projets agitent sa pensée ;

Son œil dans l'avenir voit des trésors ouverts.
Telle, ô fils de Philippe, en ce vaste Univers
Ta folle ambition languissait oppressée.

Un de ces malheureux de son cruel néant
Sur le bord de la mer promenait la tristesse,
Et cherchait par quel art de la faveur traîtresse
Il pourrait ramener le vent.

Du sein de la liquide plaine

Prothée accourt, le regarde et lui dit :

Ton air chagrin, ta démarche hautaine Décèlent de la cour un illustre proscrit ; Réponds.

Il est trop vrai, par des amis perfides

Je fus lâchement supplanté.

-Je connais la souplesse et la dextérité

De ces sycophantes avides.

Mais, regarde-moi bien, je veux que tu décides

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