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retrouver en elle. Son cœur n'a d'autre idée que de t'être fidèle; elle ne s'occupe que de toi et de ton bien. «Elle souhaite ta santé et ton bonheur, et t'aime autant et aussi fort qu'une femme peut aimer un homme; elle est à toi et le dit, et prend souci de toi en dix mille façons. Tu es là quand elle parle, quand elle mange, quand elle pleure, quand elle soupire. Le soir elle te dit: Adieu, mon bien-aimé; quoique, Dieu le sait, tu sois bien loin d'elle, elle te répète mainte et mainte fois bonsoir.» nomme souvent son cher bien-aimé tion, son bonheur, toute sa joie

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-

«Elle te

sa consola

et conte à son

And cares for thee ten thousand ways;
On thee she speaks, on thee she thinks.
With thee she eats, with thee she drinks;
With thee she talks, with thee she moans,
With thee she sighs, with thee she groans,
With thee she says: «Farewell, mine own! »
When thou, God knows, full far art gone.
And, even to tell thee all aright,

To thee she says full oft: « Good night. »>
And names thee oft her own most dear,
Her comfort, weal, and all her cheer;
And tells her pillow all the tale

How thou hast done her woe and bale;
And how she longs and plains for thee,
And says: Why art thou so from me?
Am I not she that loves thee best?
Do I not wish thine ease and rest?
Seek I not how I may thee please?
Why art thou then so from thy ease?
If I be she for whom thou carest,
For whom in torments so thou farest,
Alas! thou knowest to find me here,
Where I remain thine own most dear,
Thine own most true, thine own most just,
Thine own that loves thee still and must;

Thine own that cares alone for thee,
As thou, I think, dost care for me;
And even the woman, she alone,
That is full bent to be thine own.

oreiller toute son histoire :

comment tu as fait sa

Ne suis-je pas

peine et son chagrin, - combien elle soupire après toi, comme il lui tarde de te voir. Elle dit : Pourquoi es-tu ainsi loin de moi? celle qui t'aime le mieux? ton aise et ton repos ? comme je puis te plaire? aussi loin de ton bien? t'intéresses,

--

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Ne souhaitai-je pas Ne cherché-je point

Pourquoi t'en vas-tu

Si je suis celle à qui tu

pour qui tu vis ainsi dans le tour

ment; hélas! tu sais que tu me trouveras ici, ici où je suis toujours ta chère bien-aimée, plus dévouée, ta plus fidèle,

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ta

celle

comme toi

celle qui t'aime toujours et ne pourra jamais s'en empêcher, qui est à toi et ne songe qu'à toi, aussi, je pense, tu songes à elle, à celle qui entre toutes les femmes-ne respire que pour être toute à toi. » Certainement c'est à sa femme' qu'il pense en ce moment, non à quelque Laure imaginaire; le rêve poétique de Pétrarque est devenu la peinture exacte de la profonde et parfaite affection conjugale, telle qu'elle subsiste encore en Angleterre, telle que tous les poëtes, depuis l'auteur de la Nut Brown Maid jusqu'à Dickens, n'ont jamais manqué de la repré

senter.

1. Dans une autre pièce, Complaint on the absence of her lover being upon the sea, il parle en propres termes presque aussi tendrement de sa femme.

2. Greene, Beaumont et Flechter, Webster, Shakspeare, Ford, Otway, Richardson, de Foë, Fielding, Byron, Dickens, Thackeray, etc.

III

Un Pétrarque anglais : ce mot sur Surrey est le plus juste, d'autant plus juste qu'il exprime son talent aussi bien que son âme. En effet, comme Pétrarque le plus ancien des humanistes et le premier des écrivains parfaits, c'est un style nouveau que Surrey apporte, le style viril, indice d'une grande transformation de l'esprit; car cette façon d'écrire est l'effet d'une réflexion supérieure, qui, dominant l'impulsion primitive, calcule et choisit en vue d'un but. A ce moment, l'esprit est devenu capable de se juger, et il se juge. Il reprend son œuvre spontanée, tout enfantine et décousue, à la fois incomplète et surabondante; il la fortifie et la lie; il l'émonde et l'achève; il y démêle son idée maîtresse, pour l'en dégager et la mettre au jour. Ainsi fait Surrey, et son éducation l'y a préparé; car avec Pétrarque il a étudié Virgile et traduit presque vers pour vers deux livres de l'Énéide. En pareille compagnie, on est contraint de trier ses idées et de serrer ses phrases. A leur exemple, il mesure les moyens de frapper l'attention, d'aider l'intelligence, d'éviter la fatigue et l'ennui. Il prévoit la dernière ligne en écrivant la première. Il garde pour dernier trait le mot le plus fort, et marque la symétrie des idées par la symétrie des phrases. Tantôt il guide l'esprit par une série d'oppositions continues jusqu'à l'image finale, sorte

de cassette brillante où il vient déposer l'idée qu'il porte et fait regarder depuis le départ1. Tantôt il promène le lecteur jusqu'au bout d'une longue description fleurie pour l'arrêter tout d'un coup sur un demivers triste. Il manie les procédés et sait produire les effets; même il a de ces vers classiques où deux substantifs, flanqués chacun d'un adjectif, font équilibre autour d'un verbe . Il assemble ses phrases en périodes harmonieuses, et songe au plaisir des oreilles comme au plaisir de l'esprit. Il ajoute par des inversions de la force aux idées et de la gravité au discours. Il choisit les termes élégants ou nobles, n'admet point de mots oiseux ni de phrases redondantes. Il fait tenir une idée dans chaque épithète et un sentiment dans chaque métaphore. Il y a de l'éloquence dans le développement régulier de sa pensée; il y a de la musique dans l'accent soutenu de ses vers.

Voilà donc l'art qui est né: ceux qui ont des idées tiennent maintenant un instrument capable de les exprimer; comme les peintres italiens qui, en cinquante ans, ont importé ou trouvé tous les procédés techniques du pinceau, les écrivains anglais, en un demi-siècle, vont importer ou trouver tous les artifices de langage, la période, le style noble, le vers héroïque, bientôt la grande stance, si bien que plus tard les plus parfaits versificateurs, Dryden et

1. The frailty and hurtfulness of beauty.

2. Description of spring. A vow to love faithfully. 3. Complaint of the lover disdained.

Pope lui-même, n'ajouteront presque rien aux règles inventées et appliquées dès ces premiers essais. » Même Surrey est trop voisin d'eux, trop enfermé dans ses modèles, trop peu libre; il n'a point encore senti le grand souffle ardent du siècle; on ne trouve point en lui un génie hardi, un homme passionné qui s'épanche, mais un courtisan, amateur d'élégance, qui, touché par les beautés de deux littératures achevées, imite Horace et les maîtres choisis d'Italie, corrige et polit de petits morceaux, s'étudie à bien parler le beau langage. Parmi des demi-barbares, il porte convenablement un habit habillé. Encore ne le porte-t-il pas avec une entière aisance; il a les yeux trop invariablement fixés sur ses modèles et n'ose se permettre les gestes francs et forts. Il est parfois écolier, il abuse des glaces et des flammes, des blessures et des martyres; quoique amoureux, et véritablement, il songe trop qu'il doit l'être à la façon de Pétrarque, surtout qu'une phrase doit être balancée et qu'une image doit être suivie; j'oserais dire que dans ses sonnets de soupirant transi il pense moins souvent à bien aimer qu'à bien écrire. Il a des concetti, des mots faux; il emploie des tours usés; il raconte comment Nature, après avoir fait sa dame, a brisé le moule; il fait manoeuvrer Cupidon et Vénus; il manie les vieilles machines des troubadours et des anciens en homme ingénieux qui veut passer pour galant. Il n'y a guère

1. Surrey, édition Nott. Remarques du docteur Nott.

« ПредишнаНапред »