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ples et fortes âmes, qui commencent à lire le soir, dans leur boutique, sous leur mauvaise chandelle; car ce sont des hommes de boutique, un tailleur, un pelletier, un boulanger qui, côte à côte avec quelques lettrés, se mettent à lire, bien plus à croire, et à se faire brûler1. Quel spectacle au xv° siècle, et quelle promesse ! Il semble qu'avec la liberté de l'action, la liberté de l'esprit va paraître, que ces communes vont penser, parler, que sous la littérature officielle, imitée de France, une nouvelle littérature va paraître, et que l'Angleterre, la vraie Angleterre, à demi muette depuis la conquête, va enfin trouver une voix.

Elle ne l'a pas trouvée. Le roi, les pairs s'allient à l'Église, établissent des statuts terribles, détruisent les livres, brûlent les hérétiques vivants, souvent avec des raffinements, l'un dans un tonneau, l'autre pendu au milieu du corps par une chaîne de fer; le temporel du clergé était attaqué, et avec lui toute la constitution anglaise, et de tout son poids. le grand établissement d'en haut écrasa les démolisseurs d'en bas. Obscurément, en silence, pendant que, dans les guerres des Deux Roses, les grands s'égorgent, les communes continuent à travailler et à vivre, à se dégager de l'Église officielle, à garder leurs libertés, à accroître leur richesse', mais sans aller au delà. Comme une énorme et lon

1. 1401. William Sawtre, premier lollard brûlé vif. 2. Commines.

gue roche qui fait le fond du sol et pourtant n'affleure que de loin en loin, elles ne se montrent qu'à peine. Nulle grande œuvre poétique ou religieuse ne les manifeste à la lumière. Ils ont chanté, mais leurs ballades ignorées, puis transformées, ne nous arrivent que sous une rédaction tardive. Ils ont prié, mais, sauf un ou deux poëmes médiocres, leur doctrine incomplète et réprimée n'a point abouti. On voit bien par le chant, l'accent et le tour de leurs ballades1, qu'ils sont capables de la plus belle invention poétique; mais leur poésie reste entre les mains des yeomen et des joueurs de harpe. On sent bien, par la précocité et l'énergie de leurs réclamations religieuses, qu'ils sont capables des croyances les plus passionnés et les plus sévères; mais leur foi demeure enfouie dans les arrière-boutiques de quelques sectaires obscurs. Ni leur foi ni leur poésie n'a pu atteindre son achèvement ou son issue. La Renaissance et la Réforme, qui sont les deux explosions nationales, sont encore lointaines, et la littérature du temps va garder jusqu'au bout, comme la haute société anglaise, l'empreinte presque pure de son origine française et de ses modèles étrangers.

1. Voir les ballades sur Chevy Chace, The Nut Brown maid, etc. Beaucoup d'entre elles sont d'admirables petits drames.

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dans les mœurs, dans les écrits et dans les œuvres d'art.

Besoin d'excitation.

et de la littérature.

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Situations analogues de l'architecture

III. En quoi Chaucer est du moyen âge. — Poëmes romantiques et décoratifs. Le Roman de la Rose. Troilus et Cressida. Contes de Cantorbéry. Défilé de descriptions et d'événements. - La Maison de la Renommée.· Visions et rêves fantastiques.

- Poëmes d'amour. Troilus et Cressida.

exagéré de l'amour au moyen âge.

Développement Pourquoi l'esprit avait pris cette voie. — L'amour mystique. — La Fleur et la Feuille. -L'amour sensuel. · Troilus et Cressida.

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mariage. Le frère quêteur et la religion. La bouffonnerie, la polissonnerie et la grossièreté du moyen âge.

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V. En quoi Chaucer est Anglais et original. Conception du caractère et de l'individu. Van Eyck et Chaucer sont contemporains. Prologue des Contes de Cantorbéry. Portraits. du franklin, du moine, du meunier, de la bourgeoise, du chevalier, de l'écuyer, de l'abbesse, du bon curé. — Liaison des événements et des caractères. Conception de l'ensemble. Importance de cette conception. - Chaucer précurseur de la Renaissance. Il s'arrête en chemin. Ses longueurs et ses

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enfances.

Causes de cette impuissance.

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idées scolastiques. Comment dans son siècle il est isolé. VI. Liaison de la philosophie et de la poésie. Comment les idées générales ont péri sous la philosophie scolastique. Pourquoi la poésie périt. - Comparaison de la civilisation et de la décadence au moyen âge et en Espagne. Extinction de la littérature anglaise. Traducteurs. Rimeurs de chroniPoëtes didactiques. Rédacteurs de moralités. ques. Gower. Occlève. Lydgate. Analogie du goût dans les costumes, dans les bâtiments et dans la littérature. triste du hasard et de la misère humaine. - Hawes.- Barcklay. Skelton. Rudiments de la Réforme et de la Renaissance.

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Idée

I

Cependant, à travers tant de tentatives infructueuses, dans la longue impuissance de la littérature normande qui se contentait de copier et de la littérature saxonne qui ne pouvait aboutir, la langue définitive s'était faite, et il y avait place pour un grand écrivain. Un homme supérieur parut, Jeffrey Chaucer, inventeur quoique disciple, original quoique traducteur, et qui, par son génie, son éducation et sa vie, se trouva capable de connaître et de peindre tout un monde, mais surtout de contenter le monde chevaleresque et les cours somptueuses qui brillaient sur les sommets '. Il en était, quoique lettré et versé dans toutes les branches de la scolastique, et il y eut si bien part, que sa vie fut d'un bout à l'autre celle d'un homme du monde et d'un

1. Né entre 1328 et 1345, mort en 1400.

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homme d'action. Tour à tour on le voit à l'armée du roi Édouard, gentilhomme du roi, mari d'une demoiselle de la reine, muni d'une pension, pourvu de places, député au parlement, chevalier, fondateur d'une famille qui fit fortune jusqu'à s'allier plus tard à la race royale. Cependant il était dans les conseils du roi, beau-frère du duc de Lancastre, employé plusieurs fois en ambassades ouvertes ou en missions secrètes, à Florence, à Gênes, à Milan, en Flandre, négociateur en France pour le mariage du prince de Galles, parmi les hauts et les bas de la politique, disgracié, puis rétabli expérience des affaires, des voyages, de la guerre, de la cour, voilà une éducation tout autre que celle des livres. Comptez qu'il est à la cour d'Édouard III, la plus splendide de l'Europe, parmi les tournois, les entrées, les magnificences, qu'il figurait dans les pompes de France et de Milan, qu'il conversait avec Pétrarque, peut-être avec Boccace et Froissart, qu'il fut acteur et spectateur des plus beaux et des plus tragiques spectacles. Dans ces quelques mots, que de cérémonies et de cavalcades! quel défilé d'armures, de chevaux caparaçonnés, de dames parées! quel étalage de mœurs galantes et seigneuriales! quel monde varié et brillant, capable de remplir l'esprit et les yeux d'un poëte! Comme Froissart et mieux que Froissart, il a pu peindre les châteaux des nobles, leurs entretiens, leurs amours, même quelque chose d'autre, et leur plaire par leur portrait."

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