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Voilà deux que, l'un conjonction, l'autre pronom tous deux supprimés.

Belinda'still her downy pillow prest,

Her guardian sylph prolong'd the balmy rest; "Twas he had summon'd to her silent bed The morning-dream that hover'd o'er her head.*

POPE, the rape of the lock.

'Twas he had (c'était lui avait), au lieu de qui avait ; ce qui retranché donne au vers une allure plus vive, plus libre, plus poétique.

Ici je prie mes lecteurs français de ne point imaginer que, trop prévenu en faveur du sujet que je traite, je veuille déprécier notre poésie et relever celle de nos rivaux. Chacune des deux a ses avantages sur l'autre ; j'ai fait ressortir ceux des poëtes anglais, parce que je

*Belinde encore pressait le duvet de son oreiller, son sylphe gardien prolongeait ce repos balsamique; c'était lui qui avait appelé à son lit silencieux le songe du matin qui planait sur sa tête,

fais une poétique anglaise, parce que j'en détaille les traits caractéristiques. La contre-partie serait aussi facile, mais je ne fais point une poétique française.

Je conviendrai cependant, avec Voltaire et Delille, que la langue française est une des plus ingrates pour la poésie; mais si nous avons plus de beaux vers qu'aucune autre nation; si, dans tous les genres sublimes, sombres, didactiques, pathétiques, tendres, gracieux, plaisans, nous pouvons citer plus de chefsd'œuvre, quelle gloire n'est pas due aux grands écrivains qui ont triomphé des difficultés de leur idiôme ?

VERSIFICATION.

Well-sounding verses are the charms we use,
Heroic thoughts and virtue to infuse.

Things of deep sense we may

in

prose unfold, But they move more in lofty numbers told. By the loud trumpet, which our courage aids We learn that sound, as well as sense, persuades.*.

LE

WALLER, to Roscommon.

Le langage poétique tient le milieu

E

entre le simple discours et le chant: réciter un vers, ce n'est pas tout à fait chanter; c'est plus que parler. Les premiers poëtes, sans autres maîtres que l'oreille et le goût, cherchèrent un assemblage mesuré de mots harmonieux pour en former un vers. On réduisit

*Les vers heureusement sonores sont les charmes que nous employons

pour inspirer les pensées héroïques et la vertu :

un objet d'un sens profond peut s'expliquer en prose; mais il émeut davantage exprimé dans un rithme pompeux. Par la bruyante trompette qui seconde notre courage, nous apprenons que le son persuade aussi-bien que le sens.

ensuite en préceptes ce que le génie leur avait inspiré.

Those rules of old discover'd, not devis'd,
Are nature still, but nature methodiz'd.

Hear how learn'd Greece her useful rules indites,
When to repress, and when indulge our flights;
High on Parnassus' top her sons she show'd
And pointed out those arduous paths they trod;
Held from afar, aloft, th'immortal prize,
And urg'd the rest by equal steps to rise.
Just precepts thus from great examples giv'n,
She drew from them what they deriv'd from heav'n.*

POPE, on criticism.

Le vers est un ligne mesurée par nombre déterminé de pieds; et le pied se compose de syllabes.

* Ces règles autrefois découvertes, non inventées, sont encore la nature, mais la nature méthodisée. Écoutez comment la savante Grèce dicte ses utiles leçons, explique quand on doit retenir ou indulger son essor. Elle montra ses enfans élevés au sommet du Parnasse, indiqua les rudes sentiers qu'ils avaient franchis, fit au loin dans les airs briller la palme immortelle, et invita les autres à monter d'un

pas égal:

ainsi, des préceptes justes étant donnés par de grands

exemples,

elle tira d'eux ce qu'eux-mêmes avaient tiré du ciel.

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Dans les langues grecque et latine le pied se formait par la combinaison de syllabes longues et brèves. Une syllabe longue et deux brèves formaient un pied nommé dactyle; deux longues, un autre pied nommé spondée; une brève et une longue, un ïambe; une longue et une brève, un trochée; deux brèves et une longue, un anapeste; etc.

Dans le français, l'italien, l'espagnol, le pied se forme de deux syllabes longues ou brèves indifféremment: en effet, cette prosodie, ou quantité de chaque syllabe, est beaucoup moins sensible, beaucoup plus arbitraire chez nous que chez les anciens.

Baïf, poëte français, mort en 1592, essaya de mesurer ou scander des vers français à la manière des latins, et fit ce distique :

Aube, rebaille le jour; pourquoi notraise retiens-tu? Cæsar doit revenir:aube, rebaille le jour.

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